I'll need a credit card that's got no limit | Zephir |

- Merci Eden, vous êtes un amour

B. , besoin d'une nouvelle garde robe. Nos cartes bleues vont flamber Rendez vous à deux heures.

Bonjour mon papounet chéri.

Side Palms Hills, 12:00 AM

Zéphir aurait préféré ne pas se lever ce matin-là. Depuis 10 heures du matin, elle recevait des coups de fils incessants de personnes qui voulaient savoir comment "on" — sous-entendu elle et son père — s'était organisé pour la cérémonie. La cérémonie, pfff... Encore une merveilleuse idée de son père. Mais elle ne pouvait pas lui en vouloir, il détenait la carte de crédit plafonnée à un petit million de dollars. Et oui, depuis aujourd'hui 3 ans, son père avait décidé d'organiser tous les ans une cérémonie en l'honneur de Meredith McOwen, la défunte mère de Zéphir. Une espèce de solennité morbide avec une centaines de pingouins habillés en noir qui tirent tous une gueule de trois pieds de long. Des photos noir et blanc de sa mère un peu partout, des fleurs, des tonnes de bouquets de fleurs. Pas de banquet, certainement pour ne pas faire trop joyeux. Certainement. Quelque-chose de glauque, comme un second enterrement. Et cette année, sans en informer personne, Zéphir avait décidé de ne pas y aller. Non pas forcément que cela la faisait souffrir, mais parce-qu'elle... parce-qu'elle s'ennuyait, tout simplement. Elle s'ennuyait au milieu de ces gens qu'elle ne connaissait pas, en robes Chanel et costards-cravate Giorgio Armani. Des gros bourges qui nous font croire qu'ils compatissent alors qu'ils vienne juste pour craner avec leurs nouvelles fringues. C'était comme ça, dans la bourgeoisie des quartiers Upper East Sidiens de Manhattan, et ça l'avait toujours été. Autrement, pourquoi voudriez-vous qu'ils fassent le trajet jusqu'à Palm Springs ? Ils fonctionnaient tous comme ça, les gens comme Zéphir et sa famille. Ils mentaient pour arriver à leurs fins, ils se faisaient passer pour des victimes pour toujours rester classes, et ils étaient égoïstes, comme si un petit dollar parmi les milliards d'autres qu'ils avaient risquaient de les ruiner. Une vingtaine de dollars à un mendiant dans la rue, jamais. Par contre, la nouvelle limousine high-technology à 150 000 $, avec grand plaisir. Des faux-culs hypocrites qui vous disent "merci" quand ils pensent "quels gros cons".

Bref, depuis ce matin 10 heures, Zéphir ne répondait plus à aucun coup de téléphone. Elle entendait des messages du genre «Ma chééérie, c'est Darlââ Carlingtôôôn. Je voulais simplement savôôôir à quelle heure était la cérémonîîîe. C'est tôôôut. Je vais appeler ton père, chérîîîe. À cet après-midi alôôôrs.» C'est ça, à cet après-midi. Ah au fait, mon prénom c'est Zéphir. Mais c'est tellement plus simple de dire "chérie" pour ne pas avoir à connaître les noms des gens par cœur. À 11 heures, après une quinzaine d'appels, Zéphir avait débranché violemment son téléphone pour enfin pouvoir regarder la télévision en paix. Elle ne voulait pas venir. Elle voulait passer une journée comme les autres. Après tout, dans deux jours elle avait 19 ans. C'était pas important, ça? Non, pour ça il n'y avait aucune cérémonie. Un gros chèque de la part de chaque membre de la famille. N'importe-quelle jeune fille aurait détesté ne pas recevoir un peu d'amour à cette occasion. Mais Zéphir n'était pas n'importe-quelle jeune fille. Elle avait grandit sans amour autour d'elle, et elle préférait à son propre père sa carte dé crédit. Elle assumait totalement d'être une petite bourge égoïste. Sa vie lui plaisait parfaitement comme ça.

Afin de bien remplir son emploi du temps cet après-midi, pour se prouver à elle-même qu'elle allait désobéir à son paternel et ne pas aller à la célébration, elle décida de proposer une aprèm' shopping à Bird, une de ses meilleures amies. C'était une offre qu'elle était sure qu'elle ne refuserait jamais. Elle ne disait jamais non à une après-midi shopping. Elle était capable d'annuler le plus important des rendez-vous de sa vie pour aller faire les boutiques. Et, étant donné qu'elle était aussi friquée que Zéphir, les deux jeunes filles rentrait toujours avec des tonnes de nouvelles fringues.

Elle lui envoya un SMS, et Bird lui répondit qu'elle était d'accord. Elles se donnèrent rendez-vous à 14 heures cet après-midi.

COD Alumni Street Fair, 14:15 AM

Zéphir, très pointilleuse de nature, détestait les gens qui arrivaient en retard. Et malheureusement pour elle, Bird arrivait toujours en retard. Son grand record avait été d'arriver seulement dix minutes après l'heure prévue. Quand à son maximum, c'était d'avoir carrément oublié de venir! Et ça, ça insupportait Zéphir au plus haut point. Putain, elle avait un quart d'heure de retard là! Zéphir poireautait comme une conne sur le capot de sa voiture, jambes croisées, dans sa mini-robe Chanel couleur chocolat et ses escarpins assortis. Quand enfin Bird se pointa, elle était plus que remontée.

- Bordel, mais tu pourrait pas arriver à l'heure au moins une fois dans ta vie !?

Sortant de sa chambre en 4e vitesse, manquant de se tuer dans les escaliers, Bird savait qu'elle allait se faire incendier. Elle avait déjà dix minutes de retard et Zéphir détestait tous les retards, peu importe l'excuse. Même la fois, ou Bird avait prétexté un drame vestimentaire de premier importance, Zéphir l'avait incendié. Elle commencait à avoir l'habitude, mais ne préféra pas trop la provoquer. Sait-on jamais.
Elle se dépécha d'aller dans le bureau de son père, peu importe l'importance de la réunion qu'il menait. De toute façon, ces hommes qui pensent diriger le monde parce qu'ils ont un peu d'argent peuvent bien attendre un peu. C'était une question de vie ou de mort. " Je suis trop jeune pour mourir étrangler par Zéphir et elle, le orange ne lui va vraiment pas " se dit -elle. N'importe quoi. Bird claqua la porte derrière elle pour faire comprendre qu'elle n'était plus là. Elle descendit les escaliers et appercu Zéphir. Elle allait se faire massacrer.

Bird souria angéliquement à Zéphir, espérant calmer les nerfs de sa meilleure amie qui détestait le retard. Pas de chance, Bird était toujours en retard. Les deux amies étaient vraiment différentes, mais pourtant elle s'entendait très bien et était très liés. Bird s'approcha de Zéphir et déposa un smack bruyant sur sa joue.

- Moi aussi je t'adore Mc Owen.

Elle lui souria alors que Zéphir semblait s'adoucir peu à peu. Elle ouvrit la place passagère de la voiture de Zéphir et s'installa, croisant ses jambes sur sa tunique beige. Elle alluma l'autoradio alors que Zéphir commencait à sortir de l'allée de la villa des O'Brian. Elle changea les stations de radio jusqu'à tomber sur "Je recherche" de Mauss. Elle monte le son et commence à chanter;

- C'était juste une ombre, juste une silhouette qui ressemble à toi.

Elle chantait comme une casserole et elle le faisait exprès. Elle avait une belle voix d'habitude, mais elle espérait provoquer ne serait ce qu'un sourire sur le visage de sa meilleure amie. Elle avait bien vu qu'elle n'allait pas bien. Pas besoin de mot, elle savait que c'était ce soir le diner et que cette séance de shopping n'était qu'un prétexte. Mais elle n'en parlerai pas, à moins que Zéphir le veuille. Elle aller lui changer les idées. Elles allaient rire, jusqu'à ce que Zéphir oublie les raisons de cette virée shopping.